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Introduction                                           Jacques et Luc

Préparatifs

à la vigne

au cuvage

Luc Robert, Beloeil, Québec

lucrober@gmail.com

24, septembre 2010

Voici un résumé de mon journal, le quotidien d’un Québécois, tant bien que mal, car même si on se dit des cousins, les coutumes et expressions sont différentes !
Voilà que mon souhait se réalise en grand, dans une région qui sera mon baptême de voyage du côté de l’Europe,  la France / Beaujolais région de prédilection et des vignes à perte de vue…
Le Domaine du TANE.

Donc, maintenant l’heure de s’habituer aux expressions de votre région et à la terminologie vitiviniculture « inter génération entre Georges et Jacques », Georges le beau-père, vigneron retraité, mais toujours agile, actif et présent au cuvage, c’est toujours bon l’expérience des vieux dans certains moments ou j’étais perdu sur ce que je devais faire…Jacques, le vigneron, "le Clooney des vignes", la relève au secours d’une région qui a du mal à passer au travers d’une conjoncture économique mondiale.

Alors voici les autres termes auquel je dois comprendre : la girafe (tapis mécanisé pour recevoir la vendange et remplir la cuves de l’extérieur), la canelle (connecteur au bas des cuves pour soutirer le jus), le débourbeur (connecteur plus gros au bas de la cuve pour vider la cuve au nettoyage), débourbage (action de soutirer la lie au fond des cuves), dégrossissage (action de clarifier le vin par filtration), saignée (soutirage du moût d’une cuve avant de vider vers le pressoir), conquêt/foudre (cuve), bac à sucre, petite pompe, grosse pompe, la benne/le petit beno (récipient qui peut contenir les raisins),  hectolitre et toutes ces mesures françaises…et quelque fois on entend « qu’est-ce que c’est ce bazar » ou « bordel de merde… » Nous on dit, ça va mal en tabarn...
Maintenant quelques jours de travail préalable pour bien préparer les dortoirs, douches, toilettes, le cuvage, laver les cuves de ciment (foudre), les panneaux de plastique pour protéger la vendange durant le stage de fermentation, etc.
Je crois que je suis enfin prêt pour attaquer ma première journée de vendange !!

Lundi 13, septembre réveil autour de 06 :00, 06 :45, c’est l’heure du petit déjeuner dans la salle commune des vendangeurs, 07 :15, voilà Jacques en action avec un petit cri « Allez hop, tout le monde en route », accompagné du klaxon !!

Nous voilà partis (21 coupeurs) pour attaquer la première parcelle de vigne…Jacques nous donne les consignes de base sur le déroulement de la journée et les grappes de raisin qui devront être cueillies et mise dans notre seau :
Outil de travail, (sécateur ou serpette) et un seau
Début et sens de la direction du rang, (bas vers le haut, redescendre son rang pour voir les grappes oubliés ???)
Jacques nous donne un petit conseil pour ménager notre dos, (ne pas se relever à chaque cep  attendre de vider son seau) ceci aura pour effet une meilleure endurance…
Lors de l’appel du porteur (aller seau, seau) bien vider dans la hotte

09 :30 : L’annonce d’une pause…ah quel soulagement d’entendre cet appel, accompagné d’eau, p’tit canon de vin (verre de vin, ou moite-moite = moitié eau, moitié vin), pain, saucisson, fromage, chocolat noir, café ou thé par temps froid, tout pour nous redonner l’énergie et réattaquer notre parcelle.
Déjà mon dos m’indique certain signe de fatigue, raideur… Jacques nous dit, ça va aller… c’est juste une question d’habitude… (Ouais),  j’anticipais déjà la prochaine pause, le déjeuné,  moi qui n’avait pas un métier très physique, j’ai découvert plusieurs muscles qui avaient besoin d’étirement et plus de musculation pour terminer une journée dans les vignes.

12 :30 : Voilà l’appel pour le déjeuné, Cool une pause!! Un repas assez copieux merci, soupe, salade, viande : rôti de porc, eau, p’tit canon de Beaujolais Villages, yaourt, fromage, flan chocolat, café…

14 :00 : Reprise de la cueillette, jusqu’à 17 :30, avec résultat une bonne récolte (4) bacs pour remplir 2 cuves de vendanges fraiches…

Vers 15 :30, Jacques passe dans les rangs et offre un p’tit verre de vino, ou moite-moite ou eau plate, nous revoilà repartis sur nos rangs…

17 :30, Jacques nous lance, « la cime, la soupe… », Alors là, la troupe clenche pour terminer leur rang et aider les autres moins rapide…comme moi !!!

Comme première expérience je peux vous dire que faire les vendanges n’est pas un métier de tout repos, lever autour de 06 :00, petit déjeuner 06 :45 et hop dans les vignes vers 07 :30 pour cueillir les belles « grumes » comme vous dites jusqu’à 17 :30… À première vue,  le fait de se courber hauteur des hanches, sans trop fléchir les jambes ou genoux  pour couper les grappes de raisin tout autour du cep et ceci sur un rang pour une distance + de 100 mètres et par la suite sur une superficie de +/- 1,8 hectares, me paraissait facile comme travail ; par contre, dès la première rangée, arrivé au sommet mon dos avait déjà du mal à se repencher sur les prochains ceps…

Être vigneron, il faut beaucoup de passion (la vraie définition de passion), un peu de folie et croire énormément sur son patrimoine local, malgré la mondialisation…

19 :00 : C’est le dîner, encore une fois assez copieux, salade de thon, soupe, viande, pizza aux tomates, p’tit canon de vin, pudding chocolat, biscuit petit beurre.

Georges me demande, et puis, comment ça va…je lui réponds JE SUIS CREVÉ, mon dos ne tient plus, vite la position horizontale = mon lit !!!
Alors, il me dit, « non, non attends ; une petite Quetsche ? »… « Quetsche ? connaît pas », « allez goûte ! c’est une eau de pruneau, l’eau de la vie… » Wow, surprenant, assez costaud comme eau (hahaha), mais très délicieuse, ceci a eu comme effet d’être un baume pour mon dos, quelques exercices d’étirement, j’ai bien dormi !!!
Lendemain, me revoilà avec beaucoup d’orgueil prêt pour attaquer une autre parcelle…et ainsi de suite pour (7) jours d’affilé, après la 3ème journée, Jacques voit bien mon manque d’énergie, je ne suis pas très rapide sur mon rang…La 4ème journée, je suis assigné au cuvage en matinée avec Georges, ceci permettra à mon dos de prendre une pause !

Second constat, une fois le tri des grappes de qualité seulement, (pas de salade = feuille de vigne, pas de raisin pourri) voilà le moment de décharger le bac bien rempli (+/- 6 tonnes de raisin frais) dans les cuves de ciment pour passer à l’étape de fermentation des raisins dans leur jus, encore là il faut pas traîner ; la « girafe », tapis mécanisé, a besoin d’être alimentée par des bras humains au moyen d’un grappin ; maintenant au tour des muscles hauteur des épaules de faire le boulot. Une fois les cuves / fermentation démarrée, tous les matins le travail consiste à faire un remontage... (Pomper le jus de la cuve et arroser le dessus des raisins, s’assurer que la vendange ne sent pas le piqué (vinaigre), vérifier la teneur en sucre au début du cycle, faire l’ajout de sucre au besoin pour obtenir le degré d’alcool souhaité). Je peux vous avouer que le dîner terminé (+/- 20 :00) je n’ai pas besoin de berceuse pour fermer les yeux et dormir toute ma nuit.

Prochaine étape : Pressoir, lorsqu’une cuve est prête, (fermentation alcoolique terminée, densité sous 1000) on passe à la presse (raisin et grappe) et on retourne le jus dans une cuve pour l’étape de la fermentation Malo-lactique.

Encore là ce je qu’imaginais comme un travail plus relaxe, allait encore me surprendre…On soutire un peu de jus (la saignée = entre 1 et 4 hectolitres, selon les saisons), puis on fait la tire (on vide le reste dans une autre cuve) pour permettre de vider la phase solide de la cuvée dans la pompe à vendange vers le pressoir. Je peux vous dire que le raisin bien imbibé de son jus et la fermentation bien activée, chaque coup de fourche est assez lourd, accompagné d’une odeur assez forte d’alcool. + de 3 tonnes de raisin à vider, c’est pas très long qu’il fait chaud dans le fond de la cuve, même si je suis presque nu seulement avec mes bobettes (caleçon) …Après 45 minutes de fourche, c’est l’heure de la douche et hop on retourne à la vigne ou au cuvage. Une fois le cycle du pressoir terminé, le jus est retourné vers une cuve bien propre (lavée à la machine à pression Kascher), même si j’ai mon imperméable, la pression d’eau est assez forte pour décoller le tartre et on en a plein la figure…

L’aspect qualité sanitaire est PRIMORDIALE à chacune des étapes, laver à l’eau tous les endroits où le vin/jus pourrait former des mauvaises bactéries et attaquer les raisins et tourner la cuve à l’état piqué (vinaigre)…

Finalement après 11 jours de vendanges sur plusieurs parcelles (+ 12 hectares) et 13 cuves bien remplies de vendange fraîche. Malgré le fait que la température était de notre côté, ensoleillé, un peu frais (seulement une demi journée de pluie), et Jacques qui a su mener la troupe de façon de maître, avec beaucoup d’encouragements et motivation pour finir chaque journée, pas facile d’être le boss dans des conditions critiques, cueillir tous les raisins pour avoir le quota en hectolitre/hectare permis, le plus rapidement possible.

Je suis heureux de constater que mon dos sera au repos et pourra récupérer ses mouvements / torsions un peu moins tendus…

Au dîner c’est la fête, bouteilles de mousseux pour célébrer le tout !!! C’est le départ de toute la troupe, malgré le fait qu’ils sont tous crevés, ce furent 11 jours d’amitiés, fraternités, échanges culturels (Français, Belge, Tchèque, Malien, Algérien, Polonais et un Québécois) que j’ai bien appréciés.

Maintenant la phase que j’appelle la vinification :

Après avoir cueilli le raisin/grume et sa grappe, le tri au bac pour ne garder que les bonnes grumes, on a bien rempli les cuves de vendanges fraiches (qui va procurer +/- 45 hectolitres de vin), on peut chauffer un peu les cuves pour activer la fermentation, extraire plus de couleur, (autour de 36 degrés pendant 3-4 jours), ensuite on ajoute les bonnes levures appropriées (cherche les caractéristiques : couleur, tanin, arôme) avec le résultat que le vigneron veut bien obtenir, vérifie la transformation des sucres en alcool, redescend et contrôle des températures autour de 26 degrés, vérification du PH, l’acidité et la densité avant l’étape du pressoir, pomper le jus dans les cuves, vérifier les Malo-Lactique avec la technique de chromatographie, une fois le tout bien équilibré, voilà le moment de faire les assemblages afin d’obtenir le mariage parfait de la vendange récoltée sur chaque parcelle, car il faut bien comprendre que chaque parcelle possède ses propres caractéristiques dues au sol/son terroir, l’ensoleillement, réaction au traitement, entretien et taille faits durant toute l’année par un vigneron consciencieux...

Toutes ces étapes déterminent l’expertise d’un vigneron et la qualité de son produit qui se retrouvera dans un verre…

Il existe une autre méthode de vinification qui ne fait pas l’unanimité des vignerons Beaujolais  communément appelé « Les Thermos », une méthode qui fût découverte lors de l’année 1977, après une saison de pluie intense, les vignerons devaient extraire toute cette eau, donc, la surchauffe de la vendange à des températures autour de 70 degrés fût utilisée sur une exploitation a titre expérimental pour tenter de produire des bons vins…À chacun ses goûts, moi j’aime pas !

Moi, je préfère de loin la méthode traditionnelle, qui révèle bien toute la structure, persistance et son caractère fruité typique du Beaujolais…On est loin des Beaujolais « Nouveau/ Primeur  » qu’on reçoit au Québec, j’espère bien convaincre les gens du Québec que le Beaujolais possède des vins qui ont du caractère, tout en étant ronds, pleins en bouche, fruités et une belle longueur, mais surtout ils peuvent vieillir, je vous le confirme, j’ai goûté des « Primeurs » 2007 et 2004 qui possédaient de bons arômes de fruits, chez nous on nous indique que les vins doivent être bus avant Noël… ? C’est comme chez nous, il faut éviter les grandes surfaces, et visiter les commerçants locaux, le vigneron nous donne la vraie histoire.

J’aimerais bien voir le Beaujolais et ses (12) appellations retrouver ses lettres de noblesse, et comme moi, j'espère que vous serez en mesure de savourer et d`apprécier le Beaujolais Village 2010 ainsi que les vins de garde au  Domaine du TANE.

Sur ce je vous laisse un peu sur votre appétit, à l’an prochain pour la suite avec quelques mois d’expérience à mon actif, et je vous souhaite à tous d’aller au bout de vos rêves et vivre une expérience incroyable et des rencontres avec des gens fort sympathiques et généreux !

A+

Un retraité (54 ans) québécois bien comblé et heureux.